L’Aran est née le 18 décembre 1976, à l’initiative
d’une dizaine de personnes résidant à Neudorf « Préoccupées par
les conditions de vie dans leur quartier ».
Un an plus tard, le 19 décembre 1977, Le maire de Strasbourg,
Pierre Pflimlin, annonce par courrier que la ville s’apprête
à louer l’immeuble du 14 rue de la Schwanau à l’Aran.
C’est une construction de 1913, avec charpentes en bois. La maison
a deux étages, une cave et un grenier. Il reste encore un locataire
au deuxième étage, mais l’épicerie donnant sur la rue de Nomeny
a fermé son commerce depuis 1960, ainsi que le coiffeur coté rue Schwanau.
Confirmation de ce courrier le 24 février
1978 par l’adjoint au maire Marcel Rudlof et le 22 février
1980 un courrier administratif en précise les modalités : la
communauté urbaine de Strasbourg met à la disposition de l’Aran
dans l’immeuble visé sous objet, pour servir de siège social et
de local de réunion : trois pièces avec poste d’eau et WC au rez-
de- chaussée. Deux salles au premier étage. Trois pièces, cuisine,
au deuxième étage. … La redevance, compte tenu du but désintéressé
de l’Aran, est fixé à 10 francs par an… le concessionnaire est
tenu à rembourser les frais de nettoyage des locaux communs que la
communauté urbaine aura à exposer…les charges seront décomptées
en fin de chaque année.
Au sein de cette maison l’Aran va développer
de nombreuses activités bénévoles : ateliers de botanique, atelier
peinture, atelier lecture, atelier photo et cinéma, atelier vélo,
consultations juridiques gratuites, cours d’alphabétisation, cours
d’alsacien et d’espéranto, garde d’enfants, club de jeunes (Les
renardeaux, qui s’installent au deuxième étage), ciné-club, club
d’échecs et de Go, atelier théâtre et comédie musicale,
club d’informatique, cours de médecine douce (Sophrologie), cours
d’éducation pour les parents (Méthode Gordon), rédaction d’un
journal de quartier (Successivement : La feuille de Neudorf, le Schnufler-
Newsdorf).
Parallèlement à ces activités l’Aran crée
une commission chargée de suivre les évolutions de l’urbanisme dans
le quartier, ainsi que les problèmes de circulation et de stationnement.
En 1982 elle participe avec huit autres associations de quartier aux
réunions organisées par la mairie sur la révision du POS. En 1985
elle s’oppose à la démolition de l’ancienne gare SNCF de Neudorf.
En 1986 elle intervient contre la démolition de la halle du marché
de Neudorf. En 1987 elle publie une première plaquette « Neudorf 2001 »
et en 1990 une deuxième plaquette « Réflexions sur l’urbanisme de
Neudorf » qui font de multiples propositions d’aménagements dans
le quartier. En 1990 elle organise une grande manifestation : « Trois
jours pour le tramway », dont la première ligne (Ligne A) traverse
l’ilot de Lombardie depuis 1994.
En 1995 la maison de l’Aran, qui a bénéficié
de quelques restaurations interne (salle dite du café associatif au
rez-de-chaussée, grande salle du premier) et externe (façade décrépie
pour faire ressortir les colombages), se présente comme une maison
à l’accueil agréable grâce à son petit jardin qui donne sur la
route du polygone. Pour entrer dans le café associatif il faut
passer par ce jardin et prendre la grande porte qui s’ouvre sur la
droite entre deux colonnes de bois, lesquelles soutiennent
une tourelle au toit pointu. Le café, qui est géré par des bénévoles,
est ouvert chaque jour en soirée. Son ouverture a permis une arrivée
importante de jeunes gens, qui organisent des débats sur tous les sujets
qui les intéressent. Au premier étage la suppression de la cloison
entre les deux chambres, a donné naissance à une grande salle
pouvant contenir jusqu’à quarante personnes où trône en son milieu
un magnifique poêle aux carreaux de faïence. Ce qui permet à l’Aran
d’organiser des débats et des conférences et même d’ouvrir cet
espace à des expositions de peinture, grâce à la participation d’une
association d’artistes (Equinoxe).
En 2000 une grave inondation provoque des dégâts au niveau du plafond
de la grande salle ainsi que l’écroulement partiel d’un mur sur
le coté nord de la maison. En conséquence et par mesure de sécurité,
la ville interdit l’usage des étages pour les groupes de plus
de 19 personnes. Ce qui a pour effet de supprimer la plupart des
activités de groupe intra muros, au profit des projets extérieurs,
comme le projet « Sécurité citoyenneté », et le projet « Neudorf zone
climatest ». De plus durant la période des vacances d’été, une
dizaine de squatteurs, avec chiens, rendent l’usage du premier étage
impropre à toute activité. La ville, plutôt que de faire les réparations,
ferme toutes les issues et condamne l’accès aux étages. En conséquence
il ne reste à l’Aran que la surface du rez-de-chaussée pour
continuer ses activités. Ce qu’elle fait jusqu’à son déménagement
de 2012, au moment des cent ans de l’immeuble.
J.P.